Education Substantielle

De plus en plus, le monde des parents et des éducateurs s’interroge sur le contenu à donner à l’éducation qu’ils destinent à leurs enfants, respectivement à leurs élèves. On reconnaît facilement que dans d’autres peuples, chaque siècle, et même chaque génération, présente des innovations. Cependant, on retrouvera toujours certaines valeurs; mais elles seront présentées d’une façon plus ou moins rigoureuse. Elles seront tributaires d’abord de la priorité que les éducateurs donneront à leur éducation, par rapport à leurs autres objectifs. Ensuite, elles seront tributaires des qualités d’intelligence, de dynamisme, de dévouement, etc?- . et inversement des défauts symétriques de ces qualités, – des parents et éducateurs. Au niveau des enfants également, les mêmes qualités et défauts interviendront pour être réceptifs ou au contraire résistants à l’effort des éducateurs.

Dans le monde juif, toutes ces considérations sont également vraies. Réfléchissons maintenant à ce que possède le monde juif, en plus des autres peuples.

En entrant en ce moment dans le mois d’IYAR, qui se caractérise par la mitsva du compte de l’OMER, nous pouvons remonter en pensée vers le premier compte de l’Omer. Il a commencé lors de la Sortie d’Egypte, pour conduire en quarante neuf jours à la Révélation de la Tora au Mont Sinaï. Compter les jours exprimait l’impatience d’Israël d’atteindre le but de leur Sortie d’Egypte: Recevoir la Tora.

Avant de sortir d’Egypte, Israël était soumis à l’autorité égyptienne. C’était une situation d’esclavage. Sortir d’Egypte, c’était la libération de cet esclavage. Mais ce qui est important, c’est que cette liberté n’a pas été donnée pour l’anarchie. Chaque homme et chaque femme ne pourra définir ce qu’il fera de cette liberté. Hachem avait clairement annoncé dès Sa révélation à Moché Rabénou au Buisson Ardent, que le but de la Sortie d’Egypte était de faire entrer Israël au service de Hachem. Servir Hachem, c’est étudier la Tora et pratiquer les Mitsvoth.

Au fond, Tora et Mitsvoth, c’est quoi??? Une fois que l’on connaît la Tora et les Mitsvoth, toute la vie se présente comme une suite d’occasions quasiment continuelles de choisir entre la Mitsva, l’ordre de Hachem, et son propre désir.

Comprenons alors que tout un peuple de six cent trois mille familles était ainsi impatient de connaître la Volonté de Hachem, et de la choisir, plutôt que de céder à ses désirs??? Impatient au point de compter les jours! Incroyable!!!

En vérité, la dernière année qu’Israël a passée en Egypte, a comporté pour Israël un merveilleux cycle de dix conférences. On les appelle les Dix Plaies d’Egypte. Hachem a montré qu’Il maîtrisait toutes les facettes de la nature. Il devenait expérimentalement évident que c’est Lui Qui a créé le monde, et Qu’Il continuait à le faire exister, dans tous les détails: les minéraux, les végétaux, les animaux et les ?.Egyptiens furent les échantillons sur lesquels se déroulèrent les démonstrations divines. Vint ensuite, une semaine après la Sortie d’Egypte, la Traversée à pied sec de la Mer Rouge. Trois semaines plus tard, l’intendance fut assurée par Hachem en plein désert par la Manne. Chaque semaine, la leçon du Chabbath fut enseignée par le fait que la manne tombait du ciel normalement du dimanche au jeudi en quantité double les vendredis il n’y en avait pas le Chabbath. Dans le désert, tout le monde comprit que Hachem Qui avait fait sortir Israël d’Egypte, avait créé le monde. Le puits dû au mérite de Myriam a assuré le ravitaillement en eau de toute cette population. La Manne et le Puits ont indéfectiblement assuré l’intendance pendant tous les quarante ans qu’Israël a passés dans le désert.

Israël avait bien appris à reconnaître en Hachem Celui qui donne la vie à l’être humain. Personne ne peut vivre une minute de plus que ce que Hachem a décidé. Si on comprend, en plus, que Hachem nous donne la vie pour NOTRE BIEN, alors la Tora et les Mitsvoth s’imposent à nous comme la seule méthode de parvenir au Bien pour lequel nous sommes créés par Hachem. La Tora et les Mitsvoth constituent l’unique «mode d’emploi» de la vie sur terre. Ce n’est plus par résignation qu’on obéit aux Mitsvoth. Au contraire, la Tora et les Mitsvoth sont ce que nous pouvons posséder de plus précieux au monde.

Nous pouvons dire que Hachem nous a éduqués pendant quarante ans dans le désert. Son autorité s’est imposée à nous, avec l’évidence qu’elle est le seul moyen véritable de réussir notre vie. Notre vie terrestre et plus tard, notre vie dans le monde de l’éternité.

Lorsqu’à notre tour, nous avons le devoir d’éduquer nos enfants et nos élèves, tout dépend de l’évidence ? à nos yeux ? que ce que nous demandons au titre de l’éducation juive, c’est ce que nous pouvons offrir de plus précieux et de plus urgent à nos enfants, à nos élèves. Si l’évidence a toute sa force, notre éducation sera l’expression de notre bonté: Nous offrons à nos enfants ce que nous possédons de plus beau. Si cette évidence devient chétive ou malingre ou inexistante, alors notre éducation risque de devenir brutale, méchante ou bien vide.

Montrons à nos enfants et à nos élèves combien nous nous réjouissons de revivre à Chavouoth la Qabalath Hatora, l’acceptation de la discipline de Hachem, la discipline de l’étude de la Tora et de la pratique des Mitsvoth. Faisons en sorte que nos enfants voient régulièrement avec quel amour et avec quelle précision nous nous attachons à l’accomplissement de chacune des Mitsvoth et, en première ligne, celle de l’étude de la Tora, chaque jour. C’est bien volontiers qu’ils réagiront en nous donnant le bonheur de les voir choisir à leur tour ce que Hachem attend d’eux, depuis qu’Il leur a donné la vie. Cela, c’est le bonheur des parents juifs. Il se construit sur la véritable substance de l’éducation: Tora et Mitsvoth.

Rav Hayim Yacov Schlammé