Haftarath parachath Devarim – « Ecouter » et « prêter l’oreille »

Tandis que Moïse commence son cantique final par les mots : « Prêtez l’oreille, cieux ! Et que la terre écoute ! » (Devarim  32, 1), le prophète Isaïe commence son message par : «  Ecoutez, cieux ! Terre, prête l’oreille ! » (Isaïe 1, 2). Le second inverse ainsi les termes employés par le premier : Alors que chez Moïse, ce sont les cieux qui étaient invités, par le mot haazinou , à « prêter l’oreille », c’est à la terre qu’Isaïe applique le mot haazini (« Prête l’oreille ! »).

De nombreuses explications ont été proposées pour nous permettre de comprendre les raisons de cette inversion, et nous citerons ici celle que propose Rachi ( ad Isaïe 1, 2) :

Si Isaïe n’avait pas rattaché l’« écoute » ( chemi?a ) aux cieux, et le « prêt de l’oreille » ( haazana ) à la terre, les cieux auraient pu arguer : « Quand nous avons été appelés à ce témoignage à l’époque de Moïse, lorsqu’il nous a dit ( Devarim  30, 19) : ?Je prends à témoins contre vous (Israël), aujourd’hui, le ciel et la terre??, nous avons entendu qu’il nous y a conviés dans le terme de haazana  ! » Quant à la terre, elle aurait affirmé : « J’ai été prise à témoin en terme de chemi?a . » Ainsi, leurs versions ne concorderaient pas. C’est pourquoi Isaïe a inversé les énoncés, permettant ainsi à chacun d’eux [au ciel comme à la terre] de déposer en employant [tour à tour] les deux mots : haazana et chemi?a [de façon à harmoniser leurs témoignages].

Jacques KOHN zal