Au début de la paracha d’« A’haré-Mot », le verset formule l’interdiction adressée au Cohen
Gadol de pénétrer dans le Saint des Saints à tout
autre moment qu’à Yom Kippour pour le service
particulier de ce jour saint.

Cet ordre est cependant introduit
par une évocation qui
ne semble pas avoir sa place
ici : « D.ieu parla à Moché, après
la mort des deux fils d’Aharon qui,
s’étant avancés devant l’Éternel,
avaient péri » (Vayikra, 16, 1). Or à
quoi bon rappeler à cet endroit cet
épisode douloureux, pourtant décrit
avec davantage de précisions
dans la paracha Chemini (Vayikra,
chapitre 10)… ?

En retournant un court instant sur
les termes de ce récit, on pourra
s’apercevoir que la cause de la
brusque exécution des fils d’Aharon
n’est pas si évidente à établir.
En effet, bien que le verset y précise
qu’ils « approchèrent devant
D.ieu un feu étranger qu’Il ne leur
avait pas ordonné », il apparaît
que ce motif ne saurait se suffire
à lui-même : à quel endroit en effet
la Torah interdit-elle à l’homme
d’approcher une offrande personnelle
? Au contraire, n’est-ce pas
là la marque la plus probante de
l’amour inconditionnel que porte
l’homme à son Créateur ?!

C’est dans le Midrach Rabba, au
début de notre section hebdomadaire
(Vayikra Rabba paracha 20),
que sont énumérés de nombreux
avis sur la « faute » pour laquelle
Nadav et Avihou méritèrent la
mort. Parmi ces différentes propositions,
les Sages du Midrach
affirment notamment qu’ils fautèrent
pour avoir enseigné une loi
en présence de Moché leur maître
ou pour avoir introduit dans l’enceinte
du Tabernacle un feu profane,
pour n’avoir pas pris conseil
l’un de l’autre, pour avoir pratiqué
un service en « état d’ébriété », ou
encore en ayant omis de procéder
à l’ablution des mains et des
pieds… Il est toutefois remarquable
que dans la plupart de ces explications
avancées, un point revient
de manière insistante : si ces justes
furent ainsi punis, c’est pour avoir
agi avec une trop grande liberté à
l’égard du Sanctuaire de D.ieu !

En effet, cet amour intense que
l’homme éprouve pour son Créateur
peut susciter en lui un élan
fougueux, une ardeur incontrôlable
qui peuvent parfois se traduire
par une attitude quelque peu
désinvolte. Certes, ces hommes
avaient atteint un niveau spirituel
que nous ne sommes pas à même
d’appréhender et qui dépasse de
beaucoup notre entendement…
Mais justement à leur rang, l’attitude
qu’ils adoptèrent trahit une
certaine forme de légèreté déplacée,
voire même de « familiarité
». Animés de cet état d’esprit,
ils omirent dans leur formidable
élan de prendre les mille précautions
requises avant de servir leur
Créateur, et ils se permirent des
attitudes dénotant une trop grande
liberté : trancher une loi en présence
de leur maître Moché, ne pas
se consulter l’un l’autre posément
avant de procéder au service, voire
même y venir en « état d’ébriété »
sont autant de preuves de cette
disposition d’esprit trop libre.

Dans cette perspective, le Or
ha’Haïm comprend que le premier
verset de notre paracha constitue
un avertissement en ce sens
adressé à Moché. En effet, « dans
la mesure où il était lui-même très
proche de la Royauté divine, où il
était un homme de confiance dans
toute la Maison du Créateur et où
il pouvait pénétrer dans le Sanctuaire
à son gré », il y avait lieu de
craindre que lui-même ne se laisse
entraîner par une ardeur déplacée.
C’est pourquoi, explique le Or
ha’Haïm, cette injonction – bien
qu’elle fût destinée à Aharon et à
ses enfants – fut néanmoins adressée
à Moché : « D.ieu parla à Moché
», car l’évocation de la mort de
Nadav et d’Avihou était destinée
précisément à son intention…

Y. Bendennoune
Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française

Il est interdit de reproduire les textes publiés dans Chiourim.com sans l’accord préalable par écrit.
Si vous souhaitez vous abonner au journal Hamodia Edition Francaise ou publier vos annonces publicitaires, écrivez nous au :
fr@hamodia.co.il