De l’importance du « huitième » jour

La paracha commence par les mots : « Ce fut le huitième jour… », huitième journée de l’inauguration du Tabernacle qui aurait dû être le couronnement faste et glorieux des cérémonies qui ont marqué cette consécration.

On ne peut manquer de rapprocher ce « huitième jour » de cette inauguration d’un autre « huitième jour », celui où a lieu la circoncision des nouveau-nés.

On a proposé plusieurs façons d’expliquer ce choix du huitième jour pour la circoncision :

1. Selon rabbi Chim‘on bar Yo‘haï, c’est pour que éviter que “tous soient joyeux tandis que le père et la mère [du nourrisson] sont tristes” (Nidda 31b). Rachi : « Pour éviter que les invités mangent et boivent [pendant le repas qui suit la circoncision] tandis que le père et la mère sont tristes de ne pouvoir s’unir. »

Ou comme l’explicite le Targoum Yonathan sur Wayiqra 12, 3 : «  Et le huitième elle redevient permise [à son mari], et l’on circoncit le prépuce de son fils. »

2. Une autre explication ressort du Midrach (Wayiqra rabba 6, 1) : « Rabbi Youdan ben Pazi a enseigné : Pourquoi le nouveau-né est-il circoncis le huitième jour [qui suit sa naissance] ? Parce que le Saint béni soit-Il lui a prodigué Sa miséricorde en attendant qu’il ait pris des forces. Et de même qu’Il se montre miséricordieux envers l’être humain, de même se montre-t-Il miséricordieux envers les animaux, comme il est écrit : “Un bovin, une brebis ou une chèvre, quand il naîtra, il sera sept jours avec sa mère, et à partir du huitième jour il sera agréé comme sacrifice par le feu pour Hachem” (Wayiqra 22, 27). »

3. Une troisième explication est proposée également par le Midrach (Wayiqra rabba 27, 10) : « Rabbi Yehochou‘a de Sakhnin a enseigné au nom de rabbi Lévi : C’est comme un roi qui aurait interdit à ses visiteurs de se présenter devant lui sans avoir auparavant présenté leurs respects à la reine. De la même manière, le Saint béni soit-Il demande qu’on ne lui apporte pas de sacrifice avant qu’il ait vécu pendant sept jours. Une séquence de sept jours contient en effet nécessairement un Chabbath, [qui en est la reine]. De la même façon il n’est pas de circoncision sans qu’il y ait eu d’abord un Chabbath. »

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Haftarath parachath Chemini – Le mépris de Mikhal envers David

Lorsque David, après les péripéties qu’a connues le Tabernacle, ramena celui-ci à Jérusalem, il « dansa de toutes ses forces devant Hachem » (II Samuel 6, 14), ce qui lui a valu d’être traité de haut par sa femme Mikhal, un tel comportement paraissant à celle-ci indigne de son rang (Radaq).

Cette attitude de Mikhal valut à celle-ci de « n’avoir pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort » (verset 23).

Il y a une part de tragique dans le destin qu’a connu Mikhal. Fille de Saül, elle a aimé David, et si elle en est devenue l’épouse, c’est parce que son père a vu dans leur mariage un moyen de se débarrasser de celui-ci (« Saül dit : Je la lui donnerai, et elle lui sera en piège, et la main des Philistins sera sur lui » [I Samuel 18, 20]). Plus tard, elle l’a sauvé des desseins meurtriers de Saül en favorisant sa fuite (I Samuel 19, 11), pour être finalement donnée par son père à un autre homme (I Samuel 25, 44).

Cette existence, ainsi marquée par des événements aussi contrastés et par un destin aussi profondément morcelé, a inspiré les poètes.

Nous citerons ici Rachel Bluwstein Sela (1890-1931), dite « Rachel la poétesse », qui lui consacra les vers suivants :

מִיכַל, אָחות רְחוקָה ! לא נִתַּק חוּט הַדּורות,

לא שָׁלְטוּ בְּכַרְמֵךְ הַנּוּגֶה חֲרֻלֵי הַזְּמָן.

עַל כְּתנֶת מִשְׁיֵךְ לא דָהוּ פַּסֵּי אַרְגָּמָן

וְצִלְצוּל אֶצְעָדות זְהָבֵךְ עוד הָאזֶן תִּקְלט.

לא אַחַת רְאִיתִיךְ נִצֶּבֶת לְיַד הָאֶשְׁנָב,

בְּעֵינֵךְ הַיָּפָה מְהוּלִים גַּאֲוָה וָרךְ;

מִיכַל, אָחות רְחוקָה, אֲנִי עֲצוּבָה כָּמוךְ,

כָּמוךְ נְדוּנתִי לָבוּז לַאֲשֶׁר אהַב.

Mikhal, ma sœur lointaine, le fil des générations n’a pas été rompu,

Elles n’ont pas prévalu, les atteintes du temps, dans ton triste vignoble.

Les pliures pourpres de ton vêtement de soie n’ont pas disparu.

Et j’entends encore dans mon oreille tinter ton bracelet d’or,

Souvent je t’ai vue te tenant près de la lucarne,

Dans tes beaux yeux se mêlaient fierté et tendresse.

Mikhal, ma sœur lointaine, comme toi je suis triste.

Comme toi condamnée à mépriser celui que j’aime.

Jacques KOHN zal’