Les sept premiers versets de la paracha décrivent les principes de l’année chabbatique ( chemita ). La mise en jachère de la terre a été instituée pour que nous prenions conscience de ce que c’est Hachem qui l’a créée et qui l’a donnée à l’homme, et qu’elle n’appartient pas à ceux qui en prennent possession.

L’un des objectifs de la Tora depuis la révélation du mont Sinaï, et tout particulièrement à partir du livre de Wayiqra , est de fixer des limitations à l’action des hommes.

La parachath Emor avait limité l’intervention humaine sur le temps. Le Chabbath et les jours de fête y sont appelés mo’adei Hachem , « les temps de Hachem  », marquant ainsi que le temps n’appartient pas à l’homme mais à son Créateur.

Dans Behar sont définies les limites que doit respecter le comportement du Juif dans l’espace, à savoir sur sa terre et par rapport à la société dont il fait partie.

Les sept premiers versets de la paracha décrivent les principes de l’année chabbatique ( chemita ). La mise en jachère de la terre a été instituée pour que nous prenions conscience de ce que c’est Hachem qui l’a créée et qui l’a donnée à l’homme, et qu’elle n’appartient pas à ceux qui en prennent possession.

Il en est de même des versets suivants, qui instituent tous les cinquante ans, avec le jubilé ( yovel ), une véritable révolution socio-économique : L’indigent qui a été forcé de vendre sa terre en reprend possession, celui qui a dû se soumettre au servage retrouve sa liberté.

La Tora institue ainsi des limites à l’accaparement des biens d’autrui ainsi qu’à la création de monopoles aux dépens des autres.


Haftarath Behar : La vente du terrain de ? Hanamel

Le chapitre 32 du livre de Jérémie, qui forme la haftara de la parachath Behar , est particulièrement significatif du milieu socio-économique auquel a appartenu ce prophète.

Ce chapitre nous raconte, avec force détails, l’exécution par Jérémie d’une mission que Hachem lui a confiée : Il s’agit pour lui de racheter une parcelle de terre appartenant à  Hanamel, un de ses proches parents . Jérémie est alors en prison. Il y a été jeté pendant le siège de Jérusalem par le roi Sédécias, qui lui reprochait de tenir des propos défaitistes. On imagine sans peine la dureté de cette incarcération, alors que la ville est assiégée et affamée par les Babyloniens. Jérémie n’en obéit pas moins à l’ordre divin, et il va rédiger un contrat de vente en bonne et due forme. Il verse à son vendeur le prix convenu pour cette transaction : Sept chéqels et dix pièces d’argent, une somme considérable, surtout si l’on considère l’extrême misère qui règne autour de lui.

Ce qui est important dans ce récit, en réalité, ce n’est pas tant la transaction elle-même, mais la portée que va ensuite lui en donner le prophète :

A l’issue de la conclusion de ce contrat, Hachem va rendre un oracle, aussitôt transmis aux Judéens par Jérémie. Cet oracle annonce certes l’imminence de la catastrophe : Le Temple va être détruit, Jérusalem sera réduite en cendres et ses habitants vont être exilés en Babylonie. Mais il contient aussi la promesse d’un avenir radieux, avenir qui se réalisera au retour de cet exil. Alors, annoncent les versets 43 et suivants du chapitre 32, « on achètera des champs dans ce pays, on y dressera des actes, on les scellera, on assignera des témoins ; et cela se verra sur le territoire de Benjamin, aux alentours de Jérusalem, dans les villes de Juda… car Dieu y ramènera leurs captifs. »

C’est ainsi que le geste réalisé par Jérémie, que le texte biblique nous présente sous les apparences prosaïques d’une banale opération immobilière, apparaît en réalité comme la préfiguration et comme la promesse de lendemains qui chantent.

Jacques KOHN zal