Né en France, le Rav David Leybel vient s’installer en Israël dans sa jeunesse et étudie dans la prestigieuse yeshiva Poniowitz. Disciple du Rav Sha’h, z »l, il a accompli un travail magistral dans le monde haredi: création et direction de plusieurs kollelim et fondation de l’école privée Avratech avec sa structure professionnelle Ravtech en 2013.

Entretenir sa famille sans se couper du kollel

Le Rav David Leybel nous explique qu’il est parti du constat que de plus en plus d’avre’him (hommes qui étudient au kollel), ressentaient le besoin de sortir travailler pour nourrir leur famille mais se retrouvaient contraints de rester au kollel.  »D’abord, il y a le regard de la société haredite sur ceux qui choisissent d’apprendre à l’université et les incompatibilités entre l’environnement académique classique et leur mode de vie. Ensuite, pour ces hommes, il n’est pas envisageable de commencer des études, qui durent trois ou quatre ans, sans avoir la certitude de trouver un emploi à l’issue. Enfin, pendant ces années d’études, il est inconcevable qu’ils ne perçoivent plus le salaire qu’ils touchent en allant au kollel. Ils sont déjà mariés et pères de famille et ne peuvent pas se priver de ces rentrées d’argent ».

Vered Mor, la directrice de l’école, renchérit:  »Ces hommes ont besoin d’une parnassa! Dans le monde haredi d’aujourd’hui, nous en sommes à la troisième génération qui ne travaille pas. Ce système devient difficilement viable. Parallèlement à cette prise de conscience, ces hommes ne sont pas prêts à renoncer à leurs principes et à leurs valeurs pour faire des études. Il leur fallait donc une structure adaptée ».

 

Une formation, un emploi

Le concept créé par le Rav David Leybel est divisé en deux parties. La première, Avratech, est une formation d’une année. Au cours de celle-ci, les étudiants sont mis à niveau en mathématiques et en anglais afin de pouvoir être formés aux métiers de l’informatique. Les enseignants sont de haut niveau, issus du monde académique laïc pour certains:  »Beaucoup de laïcs sont venus aider ce projet et donner des cours bénévolement », souligne le Rav Leybel.

Pendant la durée de leur formation, les étudiants touchent l’équivalent de leur bourse du kollel.

A terme, ils sont embauchés au sein de la société Ravtech, comme informaticiens, dans diverses spécialités. Ils s’engagent à y travailler pendant deux ans et demi, avec un salaire mensuel d’environ 5500 shekels pour 6h30 de travail quotidien. Puis, s’ils le désirent, ils peuvent rester travailler à Ravtech ou chercher un emploi ailleurs.

Evidemment, la structure du Rav Leybel propose un environnement idéal au regard du profil des étudiants.  »Ce sont des hommes qui ont comme modèles les Grands qui étudient 100% de leur temps », nous explique Vered,  »Il n’est pas question de mettre l’étude de la Torah entre parenthèses. Ainsi, les matinées sont réservées au kollel et les après-midi aux formations et à l’activité professionnelle ».

Un an de formation n’est-ce pas trop court pour rattraper toute une scolarité?  »Nous sélectionnons strictement nos étudiants », explique le Rav Leybel avant de poursuivre,  »Ils possèdent de bonnes capacités intellectuelles et un bon niveau en kodech. Par ailleurs, au sein de notre école, nous concentrons nos enseignements uniquement sur ce dont ils auront besoin par la suite. A l’école, on apprend toutes sortes de matières qui ne nous serviront jamais dans notre métier. Au sein de Avratech, nous allons à l’essentiel ».

La demande est très importante. Chaque année, ce sont plus de 600 personnes qui font acte de candidature, seulement 30 sont retenues.  »Tout ce programme coûte beaucoup d’argent. Nous ne pouvons pas prendre plus d’étudiants », regrette le Rav Leybel.

Mais, il va de soi, que sa vision a vocation à se développer encore. Aujourd’hui présent à Jerusalem et à Bné Brak, l’équipe d’Avratech espère pouvoir s’installer dans d’autres centres névralgiques du monde orthodoxe en Israël.

Au-delà, le Rav et la directrice Vered constatent sans équivoque que les haredim se tournent par milliers vers des études universitaires. Le concept du Rav Leybel touche une population très spécifique, celle qui ne serait allée étudier nulle part ailleurs, compte tenu de leurs exigences religieuses. Ainsi, ces personnes aussi peuvent se construire une carrière professionnelle, ramener un salaire très honorable et ce tout en restant intransigeants sur leurs exigences vis-à-vis de la pratique et de l’étude de la Torah.

Pour plus de renseignements:

www.avratech.org.il et Tel: 03-6098282

Guitel Ben-Ishay pour le Lph