L’attentat extrêmement meurtrier perpétré en 1994 contre la communauté juive de Buenos Aires (AMIA) continue d’occuper la justice argentine. Plus de 20 ans après cette attaque à la bombe, qui a fait 85 morts et 235 blessés, l’ancien président Carlos Menem, 87 ans, en poste au moment des faits, risque à présent la prison.

Le parquet aurait requis contre lui une peine minimale de six ans de réclusion pour corruption et tentative d’entrave au déroulement de l’enquête. Cela fait trois ans qu’il fait l’objet d’un procès.

Menem, né en Argentine de parents syriens, est accusé d’avoir dissimulé des informations sur des Syriens qui auraient participé au complot afin de protéger des amis de sa famille.

Depuis le début des investigations, tout porte à croire que ce sont des agents iraniens qui ont commis cet acte terroriste. Les autorités judiciaires du pays ont émis, il y a une dizaine d’années, un mandat d’arrêt international contre huit diplomates iraniens et un libanais qui ont été accusés d’être derrière l’attentat à la bombe. Mais l’Iran a toujours nié toute implication.

Carlos Menem est le deuxième ex-président à être mêlé à l’affaire. Plus tôt cette année, un juge a déjà inculpé l’ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner pour trahison après l’avoir accusée de travailler secrètement pour libérer Téhéran de toute responsabilité dans cet attentat. Elle aurait déployé ces efforts afin de normaliser les relations entre l’Iran et l’Argentine pour sceller un accord pétrolier entre les deux pays.

Un procureur juif argentin, Alberto Nisman, a été chargé en 2004 de mener l’enquête sur l’attaque contre le centre juif. Deux ans plus tard, après avoir étudié le dossier, il a accusé le gouvernement iranien d’avoir planifié l’attentat et affirmé que le Hezbollah en était l’auteur.

Et début janvier 2015, Nisman a dénoncé l’attitude de l’ancienne présidente de l’Argentine Cristina Fernández de Kirchner et de son ministre des Affaires étrangères, leur reprochant d’avoir couvert le rôle de l’Iran dans cette explosion meurtrière.

Six jours plus tard, et quelques heures à peine avant qu’il remette son rapport circonstancié, Alberto Nisman a été trouvé sans vie, avec une balle dans la tête, à son domicile. Les autorités ont prétendu qu’il s’agissait d’un suicide mais il s’est avéré plus tard qu’il avait été victime d’un meurtre.