Le prophète Isaïe relève aux versets 1 à 3 du chapitre 46 de sa « névouah » un étonnant et intéressant contraste
dont il tire plusieurs enseignements fort actuels pour notre génération…

D’une part, Isaïe fustige les
nations qui s’échinent à
transporter leurs idoles
lorsqu’elles ont besoin de les « déplacer
» d’un endroit à l’autre. Ce
qui signifie au sens figuré que les
leaders des nations ne renoncent
pas facilement à leurs idolâtries
et souhaitent même les « développer
» davantage et leur donner du
poids, au détriment du public qui
souvent n’en peut plus et voudrait
se débarrasser d’elles. Mais
d’autre part, Isaïe loue le peuple
d’Israël – non seulement Yéhouda
mais aussi les descendants des
Dix Tribus qui l’ont rejoint – lesquels
font tout ce qu’ils peuvent
dans l’accomplissement des mitsvot.
Ce qui est bien difficile pour
un peuple spirituel évoluant dans
un environnement matérialiste.

Or, ce contraste relevé par Isaïe
fait clairement apparaître le
gouffre vers lequel glissent les
nations, alors qu’Israël semble
progresser vers des cimes spirituelles,
soutenu régulièrement
dans sa difficile tâche par Hachem.

La paracha Tazrya-Metzora énumère
les détails liés à l’impureté
de la tsaraat, sorte de lèpre spirituelle
qui punit la médisance
et les abus de la parole, ainsi que
ceux relatifs aux diverses règles
de pureté concernant l’époque où
une maman donne naissance à
un enfant.

Dans son commentaire Beer Moché,
l’Admor de Ozerow, Rabbi
Moché Ye’hiel Epstein, zatsal
(1890-1971), s’inspire du célèbre
chant « Yom Leyabacha » entonné
lors du repas de la Brit Mila. L’une
des rimes de ce poème énonce bizarrement
: « Encore avant leur
naissance, ils sont déjà circoncis
(…) ». Or, nous savons bien que
la Brit Mila ne peut être effectuée
que le huitième jour après la naissance
!?

Le mérite des mères juives
pour la Brit Mila
de leurs fils

Le Saint Zohar souligne à ce propos
le mérite des mères juives qui
espèrent de tout leur coeur, lorsqu’elles
sont enceintes, de donner
naissance à un garçon, tellement
elles souhaitent pouvoir accomplir
la grande mitsva de la Brit Mila.
C’est dans ce sens qu’après avoir
rêvé pendant de longs mois de pouvoir
accomplir cette mitsva que ce
mérite est crédité à leur compte
exactement comme si elles l’avaient
déjà accomplie, bien avant de donner
naissance à leur enfant.

Le Beer Moché explique que ce
désir de concevoir et de faire naître
un garçon existe surtout chez
les femmes, car elles sont exemptées
par la Torah de la mitsva de
mettre au monde des enfants ;
c’est en effet l’homme qui a l’obligation
de « perou ourevou ». Or,
à la naissance d’un garçon, la
maman met au monde un futur
homme qui, lui, aura l’obligation
d’avoir des enfants : la mère
participe ainsi partiellement à
cette importante mitsva. Quant
au père, il se réjouit sans réserve
de la naissance d’une fille car il
accomplit la mitsva de « perou
ourevou » par une fille aussi bien
que par un garçon.

Il est clair à présent que nous
pouvons bel et bien entonner
« Oumibétèn lechim’ha heyma nimolim
», car les nouveau-nés ont
déjà en eux la sainteté de la Brit
Mila, bien avant leur naissance
de par le mérite de leurs mères !
Le prophète Isaïe donc a bien raison
d’opposer le désir des autres
peuples de rejeter le poids de leurs
idoles et de leurs idolâtries à la
ferme volonté d’Israël de se soumettre
avec bonheur à la volonté
d’Hachem, tout comme les mères
juives qui désirent parvenir à la
Brit Mila de leurs fils bien avant
qu’ils ne soient nés.


Les hommes aussi…

Mais cette ferveur féminine
n’empêche nullement les hommes
de parvenir eux aussi à des sommets
spirituels. En témoignera
l’anecdote suivante.

Le fameux Rabbi Yéhouda Arié
Leib Alter (1847-1905), Rabbi de
Gour et auteur du « Sfat Emet «,
demanda un jour à l’un de ses
proches d’emmener son fils et futur
successeur, Rabbi Avraham
Morde’haï (1866-1948) chez un
Juif de Varsovie pour qu’il le bénisse.
Supposant qu’il s’agissait d’un
grand tsadik, ils cherchèrent en
vain une éminence spirituelle
jusqu’à ce qu’ils arrivèrent, après
de maintes recherches, à la seule
adresse qui correspondait au nom
de cet inconnu. Là, ils furent surpris
de se trouver face à un homme
très simple qui ne comprenait
pas vraiment ce qu’on voulait de
lui… Toutefois, il s’exécuta de
bonne grâce, ne pouvant s’opposer
à la volonté du Sfat Emet.
À leur retour à Gour, le Sfat Emet
leur expliqua qu’il s’agissait d’un
homme très pauvre et très simple.
Néanmoins, lorsqu’il dut organiser
la Brit Mila de son fils, cet
homme vendit sa literie pour financer
le repas obligatoire consécutif
à cette mitsva. Or, cet acte
eut un immense retentissement
au ciel et il fut décidé qu’il serait
récompensé avec un « pouvoir »
de bénir. Mais en fait, lui-même
ignorait qu’il possédait ce don !
Nous voyons ainsi comment la
Brit Mila est une extraordinaire
source de mérites : pour les hommes
comme pour les femmes.

Rav Hayim Yaacov Schlammé


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