La dernière Michna du 4è chapitre du Traité talmudique Edouyot enseigne : « Rabbi Akiba dit aussi : ’Il y a cinq choses de douze mois : le jugement de la génération du déluge, le jugement de Job, le jugement de l’Égypte,le jugement de Gog ou Magog à la fin des temps, le jugement des scélérats dans le monde à venir,


Rabbi Yo’hanan ben Nouri affirme : ‘Même entre Pessa’h et Atsérèt [Chavouot], comme il est dit : ‘Oumidéi Chabbat béChabbato’ [D’un chabbat au Chabbat correspondant]’, (Isaïe, ibid.) ».


La teneur de cette discussion nous met en présence d’une équivalence pour le moins surprenante ! En effet, selon l’avis de rabbi Yo’hanan ben Nouri, les sept semaines séparant Pessa’h de Chavouot, c’est-à-dire précisément celles de la séfirat haOmer, sont ni plus ni moins de la même teneur que les douze mois d’une année ! Pour le dire autrement, cela signifie que, pour lui, il existe bel et bien une année de 49 jours !

Or, il nous faut bien prendre la mesure du sens d’une telle affirmation. Car, si Pessa’h constitue la naissance même du peuple juif, et Chavouot le jour du don de la Torah, c’est pour autant où ces deux dates représentent bien les deux extrémités d’un seul et même cheminement qui définit celui de l’essence même de toute existence juive, de sa naissance à son accomplissement authentique : le dévoilement de la Gloire divine (Kevod haChem) dans le monde !

En vertu de cette expression pour le moins paradoxale qui apparaît dès les premiers versets du Séfer Béréchit – et qui affirme que l’homme a été créé « à la ressemblance de D.ieu » [BéTsélem Elokim] -, le rav Moché Cordovéro écrit en ouverture de son livre « Tomer Devora » entièrement consacré à cette question : « L’homme a tout à gagner à ressembler à son Créateur ; car de cette manière, il s’élèvera aux profondeurs secrètes de sa haute dimension métaphysique, [au point d’en constituer comme] l’empreinte (Tsélem) et l’expression (Dmout) ».

Exprimer à travers ses actes mêmes la révélation de D.ieu au coeur de Sa création : tel semble bien être effectivement l’enseignement de nos maîtres lorsqu’ils nous disent que durant la séfirat haOmer, nous avons l’obligation d’adapter notre comportement aux sept fois sept jours qui correspondent aux sept fois sept combinaisons des différentes qualités par lesquelles le Saint Béni soit-Il se révèle à nous.

Attributs divins, les séfirot sont en effet autant de dévoilements de l’Unité divine à travers les couches multiples qui constituent le réel. Tant et si bien que vivre la séfirat haOmer devrait par conséquent nous permettre de parvenir à un véritable « tikoun haMiddot », c’est-à-dire à une amélioration de nos traits de caractère. Puisque, réfléchissant à la manière dont D.ieu agit sur le monde, nous devrions être à même de parfaire cet édifice qui nous définit depuis l’aube de la sortie d’Égypte jusqu’à notre prise en charge responsable du monde grâce à l’étude et à l’accomplissement de la Torah.

Le rav Chalom Charabi (Rachach) écrit à ce propos dans son livre « Nahar Chalom » (page 64) que tout ce qui sera accompli durant cette période nous servira pendant toute l’année. Car ces 49 jours sont plus fondamentaux encore que les 10 jours redoutables séparant Roch ha- Chana de Yom Kippour (sic) ! Par YEHUDA RÜCK,en partenariat avec Hamodia.fr