La Tora consacre trois versets à Malki-Tsédeq :

« Et Malki-Tsédeq, roi de Chalèm, fit sortir du pain et du vin : il était kohen du Dieu suprême. Il le bénit, il dit : béni soit Avram de par le Dieu suprême, possesseur des cieux et de la terre ! Et béni soit le Dieu suprême qui a livré tes ennemis en ta main ! Il lui donna la dîme de tout » (Berèchith 14, 18 à 20).

Selon la tradition, Malki-Tsédeq n’était autre que Sem, fils de Noé (Nedarim 32b). De nombreux récits midrachiques le concernent, qui viennent compenser le laconisme de la Tora à son sujet.

Nous en évoquerons quelques-uns, dans l’ordre des idées ébauchées par les versets ci-dessus :

 

Il était roi de Chalèm, la future Jérusalem (Wayehi be-Chalèm soukko [Psaumes 76, 3]), symbole de paix. Le mot chalèm, qui suggère l’idée de perfection, nous apprend, selon une autre source, qu’il est né circoncis (Berèchith rabba 43, 6).

« Il lui a sorti du pain et du vin » (14, 18) : Il lui a dévoilé les halakhoth de la grande prêtrise (kehouna guedola), il lui a dévoilé la Tora (Ibid.), le « pain » renvoyant ici à l’idée de pains de préposition (lé‘hem ha-panim), et le « vin » à celle des libations offertes par le kohen gadol. Selon une autre source, c’est la Tora elle-même, parfois comparée à du pain et à du vin (Proverbes 9, 5) qu’il a « fait sortir »
Nous apprenons par ailleurs que Malki-Tsédeq a fait partie des dix zeqènim avec l’aide desquels David a écrit le livre des Psaumes (Baba bathra 14b).

 

Le Saint béni-soit-Il aurait voulu que la prêtrise descende de Sem, étant donné qu’il est écrit : « Et il était kohen du Dieu suprême » (Berèchith 14, 18). Mais étant donné qu’il a béni Abraham avant de bénir Hachem, il l’a fait descendre d’Abraham (Nedarim 32b).

Un autre Midrach (Midrach So‘hèr tov 36, 1) nous fait assister à un dialogue entre Abraham et Malki-Tsédeq :

Abraham a demandé à Malki-Tsédeq : « Par quel mérite êtes-vous sortis de l’Arche ? » Il lui a répondu : « Par la charité (tsedaqa) que nous y avons faite. »

Abraham : « Mais y avait-il des pauvres dans l’Arche ? »

Sem : « Je veux parler de la charité que nous avons prodiguée aux animaux sauvages, aux animaux domestiques et aux oiseaux. Nous n’avons jamais dormi, mais nous avons passé toutes nos nuits à leur donner leur nourriture. »

 

Abraham s’est alors dit : Si ceux-là ont pu sortir de l’Arche au bénéfice de la charité qu’ils ont prodiguée aux animaux sauvages, aux animaux domestiques et aux oiseaux, à plus forte raison serai-je sauvé si je fais la charité aux êtres humains, qui ont été créés à l’image du Saint béni-soit-Il.  »

C’est ainsi  qu’Abraham « planta un bosquet (échel) à Beèr Chéva’ », (Berèchith 21, 33), lieu où il accueillait ses hôtes de passage.

Jacques KOHN.